Retro sur le succès d’Alpha Blondy au Stade Félix Houphouët – Boigny

Trajectoire

Retro sur le succès d’Alpha Blondy au Stade Félix Houphouët – Boigny

Il y a 40 ans : Alpha Blondy, premier artiste ivoirien à faire un concert payant au Stade Félix Houphouët-Boigny

Le samedi 23 mars 1985 reste une date historique pour la musique ivoirienne : ce jour-là, Alpha Blondy devient le premier artiste ivoirien à se produire en concert payant au Stade Félix Houphouët-Boigny. Un exploit inédit, fruit d’une préparation minutieuse et d’une volonté de fer.

Tout commence après une mauvaise expérience à Bamako : en plein concert, le matériel – digne d’une kermesse – tombe en panne à la quatrième chanson. Frustré, Blondy décide alors de s’équiper sérieusement. C’est à la suite d’une discussion avec la journaliste Hélène Lee qu’il est mis en contact avec Jean-Pierre Chapuis, ingénieur son disposant d’un équipement de pointe.

 

Le 6 février 1985, Alpha fait venir d’Europe son premier matériel professionnel flambant neuf, conçu pour les grandes scènes. Il s’installe dans sa villa en Zone 4, baptisée « Houphouët Kro », où les répétitions démarrent sur les chapeaux de roue. Le voisinage ? Aux anges. Chaque répétition devenait un mini-concert gratuit : des tubes connus et des inédits résonnaient dans tout le quartier. Les curieux se pressaient même devant la maison pour ne rien rater du spectacle.

 

Une bande-annonce télévisée, portée par la voix énergique d’Assi Akawa de Radio CI, annonce l’événement avec une phrase devenue culte :

 

« …Et Dieu créa Alpha. Et Alpha créa le Reggae-lumière… Avec ses nouvelles chansons… Et son nouveau matos tos, tos, tos… »

Accompagnée d’une séquence mythique :

« Samou, takê n’djoula !!! » – Sam, mets-moi le feu aux fesses !

Le Solar System au grand complet répète dur : Sam Koné, Samba Lee, Georges Kwaku, Kamasa Seth, Manu Yodan, Yao Mao, avec Alice Sofa parmi les choristes. Pour présenter ce concert exceptionnel, Blondy fait venir de Paris l’incontournable animateur de RFI : Gilles Obringer, voix emblématique de Canal Tropical.

La veille du show, le vendredi 15 mars 1985, Alpha Blondy est l’invité du JT de 20h sur la RTI, présenté par Jésus Kouassi Yobouet. Il y apparaît avec un casque de pilote de chasse russe, ajoutant une aura de mystère.

Le samedi 16 mars 1985, il inaugure son nouveau matériel au Palais des Congrès avec un concert fixé à 10 000 francs CFA – du jamais vu pour un artiste ivoirien. La salle est archicomble, la chaleur suffocante. La télévision nationale est contrainte de diffuser le concert en direct. Sur scène, Blondy fait une entrée fracassante dans une salopette orange. Il enlève son casque sous les cris de la foule… révélant un crâne rasé ! Le rasta venait de surprendre tout le monde. Les Baramôgôs en restaient bouche bée !

 

Le succès est tel qu’il décide, dans la foulée, d’organiser le tout premier concert payant au Stade Félix Houphouët-Boigny, seul sur scène. Une semaine plus tard, le samedi 23 mars 1985, l’événement a lieu. Entrée fixée à 1 000 francs CFA. Le Félicia est bondé. Ceux qui ne pouvaient pas entrer se hissaient sur les murs ou envahissaient les rues voisines. C’était l’ébullition totale.

 

À la billetterie ce jour-là, nul autre que Mamadou Ben Soumahoro, le grand directeur de la RTI. Le nouveau matériel, cette fois bien maîtrisé, délivre un son digne du métal, qui fait vibrer tout le Plateau. Pas de première partie, pour éviter les risques techniques.

 

Comme son répertoire était encore modeste, Blondy décide de jouer des inédits des futurs albums Apartheid Is Nazism et Jérusalem : Boulevard de la mort, Dji, Jah Houphouët, Sébé Allah Yé, Djinamori, Come Back Jesus… Le public est survolté, les musiciens galvanisés. 20 000 personnes vivent deux heures de live authentique, portées par une ferveur jamais vue.

 

Le magazine Ivoire Dimanche titre alors : « Une hystérie collective dans un Félicia envoûté par le Reggae-lumière. »

 

Moins d’un an plus tard, le 22 février 1986, Alpha Blondy réitère l’exploit à l’occasion d’un concert de réconciliation entre le Mali et le Burkina Faso. Il venait d’inscrire son nom à jamais dans l’histoire de la musique africaine.

Par la rédaction

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