Cameroun|Élections Présidentielles 2025: Blick Bassy se prononce sur abtension de vote
L’artiste Musicien et Écrivain camerounais s’est exprimé sur ses comptes sociaux officiels au lendemain de la prononciation du verdict des audiences du contentieux pré-électorale par le Conseil Constitutionnel.
Pourquoi je ne vote pas!
Le monde comme une scène : comprendre le scam légal
Gérer une société, une nation, une communauté… où que l’on soit, c’est comme orchestrer une œuvre d’art. Un opéra, une performance, une installation vivante.
Pour qu’elle prenne vie avec justesse, il faut une équipe solide, un récit porteur de sens, des interprètes engagés. Chaque geste compte, chaque silence, chaque costume. Rien n’est accessoire.
La scénographie, l’espace, les mouvements… tout participe à l’équilibre. Comme dans la nature, rien n’est au-dessus du reste. Pas de hiérarchie entre les rôles, seulement un tissu d’interdépendances.
Mais que se passe-t-il quand le décor, le texte et les règles ont été écrits ailleurs ? Quand l’histoire qu’on nous demande de jouer n’est pas la nôtre ?
C’est là qu’intervient ce que j’appelle le scam légal.
Le scam légal, ou comment un système mondial a été imposé
La plupart des pays du monde ont été aspirés dans un système global qui ne leur était pas destiné. Un système pensé par certains, pour eux-mêmes — pour leurs intérêts, leur expansion, leur pérennité.
Ce n’est pas un jugement moral. C’est un fait historique.
Des structures économiques aux codes architecturaux, des modèles politiques aux instruments de régulation : tout a été calibré pour servir les architectes de ce monde, au détriment des autres.
Et cela s’est fait dans la violence : colonisations, pillages, esclavage, guerres, spoliations.
Aujourd’hui encore, ce système fonctionne avec une efficacité redoutable, grâce à des mécanismes de contrôle institutionnalisés — souvent pilotés par ceux-là mêmes qui les ont créés.
Ils ont organisé l’espace-monde comme un échiquier dont ils maîtrisent les règles et les pièces.
Répéter sans comprendre : la tragédie des nations mimétiques
Certaines nations ont su, malgré les blessures du passé, trouver des stratégies pour peser dans ce système.
D’autres tentent de s’en protéger, en se repliant ou en créant des alternatives.
Mais beaucoup continuent à reproduire aveuglément un modèle qui ne leur correspond pas — parfois même en admirant ceux qui les ont asservis. Elles imitent des structures pensées pour d’autres réalités. Elles appliquent des concepts vidés de leurs sens, incapables de vibrer avec la vie de leurs territoires. Elles n’osent pas questionner, encore moins inventer. Comme si penser par soi-même était devenu un tabou.
Et pourtant…
Les peuples, les cultures, les histoires sont riches de formes d’intelligence politique, sociale, écologique. Des modèles de gouvernance pourraient émerger, inspirés du vivant, du local, du relationnel. Mais pour cela, il faut d’abord oser sortir du rôle qu’on nous a assigné.
Oser écrire notre propre pièce. Oser imaginer, même en version bêta, des systèmes pensés pour nous, par nous, en résonance avec nos réalités.
Ce n’est pas un luxe. C’est une urgence vitale.
Démocratie : la mise en scène d’un choix ?
Voter. Élire ceux qui sont censés porter nos voix. Choisir un champion, une équipe. Y croire encore. Croire en un système qui, pourtant, a montré ses limites. Un système où la majorité des voix décide pour tous. Un système qui repose sur un principe simple : compter, et non comprendre.
Mais que se passe-t-il lorsque cette majorité est façonnée non pas par les idées, mais par l’appartenance ? Quand, dans des pays composés de multiples tribus, c’est la plus nombreuse qui impose toujours son choix ? Quand le vote devient moins un acte politique qu’un réflexe identitaire ? Quand, faute d’un programme lisible, on choisit « les siens », par peur, par loyauté, ou par habitude et non par conviction ?
Quand voter devient un acte vide de sens
Et si l’on veut parler de programmes : encore faut-il pouvoir les lire, les comprendre, les évaluer.
Comment choisir en conscience, quand l’électorat n’est ni éduqué ni préparé à saisir les enjeux complexes ?
C’est comme demander à un peuple de trancher sur un référendum, en lui disant simplement de voter « oui » ou « non », sans jamais lui expliquer ce que cela implique concrètement. On donne l’illusion du choix.
Mais sans accès à l’information, sans éducation préalable, sans outils pour comprendre les mécanismes, ce choix devient une mascarade.
Un jeu cynique, orchestré par une minorité bien informée, qui a tout intérêt à ce que rien ne change. Un théâtre où l’on fait participer le peuple… sans jamais vraiment lui donner les clés du scénario, sans qu’il ne participe à la réalisation.
Voter, c’est « Un jour sans fin »
À chaque scrutin, j’ai cette sensation étrange : celle d’être dans le film Un jour sans fin.
On rejoue la même scène. On fait les mêmes erreurs. On attend des résultats différents.
Et on s’étonne que rien ne change.
Ce qui se joue sous nos yeux, ce sont des pièces identiques, jouées par des acteurs différents, dans des décors qui changent à peine. Mais le scénario, lui, reste le même. Et on en connaît déjà la fin : Une tragédie absurde, un humour noir, un twist vicieux. Rien de neuf. Rien de surprenant.
Et maintenant ?
En attendant d’inventer un nouveau scénario, plus juste, plus vivant, je regarde de loin les scènes qui se rejouent partout sur le globe.
J’observe ces » démocraties » où l’on fait semblant de choisir. Où l’on récite un texte usé. Où l’on rejoue un opéra dont l’issue est toujours la même.
Mais peut-être qu’un jour, enfin, nous écrirons une nouvelle pièce. Avec nos mots. Nos récits. Nos règles. Et une véritable mise en scène de la dignité collective.
je n’ai jamais voté et je ne voterai pas dans les conditions actuelles !
Par : La Rédaction